Natif de la ville de Bejaâd située au centre du Maroc, Youssef Chippo, l’analyste sportif de beIN Sports MENA et l’ex-joueur international marocain évoluant au poste du milieu de terrain, a démarré sa carrière professionnelle au sein du Kénitra Athletic Club (KAC). Il a eu l’occasion d’évoluer au Portugal avec le FC Porto. Ensuite, il fut recruté par le FC Coventry City, le rival de FC Wolverhampton, pour disputer 65 matchs en Premier League et 57 matchs en EFL First Division (actuellement dénommée l’EFL Championship), sans négliger ses expériences en Arabie Saoudite (Al Hilal) et au Qatar (Al Arabi, Al Sadd et Al Wakrah). Avec l’équipe nationale, il compte 79 sélections.
Quelles difficultés particulières avez-vous rencontré durant votre parcours professionnel en tant que joueur ?
Chaque joueur désirant atteindre des objectifs déterminés rencontre toujours de nombreuses difficultés avant de devenir un joueur professionnel. Il s’agit notamment de l’absence de moyens (le transport, les godasses…) et de la nécessité de combiner entre les études et le football car il fallait avoir de bonnes notes pour que tes parents puissent t’autoriser à jouer au football. Mais, j’ai pu atteindre, Grâce à Dieu, mes objectifs grâce à la persévérance et à l’ambition.
Comment votre transfert au FC Porto puis au FC Coventry City a été effectué ?
J’ai évolué avec l’équipe A du Kénitra Athletic Club pendant quatre ans avant d’avoir une offre de la part du club qatari d’Al Arabi. Il s’agissait de la seule offre que j’ai reçue à cette époque lorsque j’avais 19 ou 20 ans. En 1996, soit deux après mon transfert au championnat qatari, je commençais à être sélectionné par l’entraîneur Henri Michel à l’Equipe Nationale où j’ai eu d’ailleurs l’occasion de prendre part aux qualifications de la Coupe du Monde 1998 qui connaissaient la présence des Scouts du FC Porto. Ces derniers ont formulé leurs avis sur ma performance dans des rapports qu’ils ont transmis aux dirigeants du FC Porto. Ainsi, après notre qualification en Coupe du Monde 1998 et simultanément avec la fin de mon contrat avec Al Arabi dont la durée initiale était de deux saisons, j’ai reçu une offre de la part du FC Porto que j’ai acceptée. Ainsi, j’ai signé un contrat d’une durée de trois saisons avec le club portugais. Néanmoins, durant ma deuxième saison au Portugal, le FC Coventry City, entraîné à cette époque par le sélectionneur écossais Gordon Strachan, suivait les matchs que j’avais disputé avec mon club ainsi qu’avec l’Equipe Nationale en Coupe du Monde face au Brésil, à la Norvège et à l’Ecosse. Par conséquent, après l’achèvement de ma deuxième saison avec Porto, j’ai été transféré en Premier League.
Parlez-nous davantage de votre expérience en Europe …
J’ai vécu une belle expérience en Europe qui a marqué amplement mon parcours professionnel.
J’étais très chanceux de jouer au sein du FC Porto qui constitue l’un des plus grands clubs au Portugal et en Europe. En effet, j’ai remporté quatre trophées avec le club portugais (le championnat portugais deux fois consécutivement, la Coupe du Portugal et la Supercoupe du Portugal). Egalement, le FC Porto participait régulièrement à la Ligue des Champions de l’UEFA. Ceci m’a permis d’affronter de grands clubs et de grands joueurs, ce qui a rendu cette expérience très bénéfique.
Quant à mon recrutement par FC Coventry City, il m’a permis de réaliser mon rêve de jouer en Premier League. Franchement, il y a une large différence entre le championnat anglais et les autres championnats au niveau de l’atmosphère, de la condition physique, des supporters, de la reconnaissance… Il s’agit de l’un des meilleurs championnats du monde.
Quel est votre plus beau souvenir en tant que footballeur ?
Nombreux sont mes souvenirs. Toutefois, les plus importants sont : notre qualification à la Coupe du Monde 1998, nos matchs durant ce Mondial et l’accueil officiel chaleureux que nous avons reçu après notre retour de la France de la part du Feu Roi Hassan II. En effet, nous avons été décorés par le Feu Roi Hassan II suite à notre performance durant la compétition.
Pourquoi, à votre avis, les joueurs évoluant en Botola ne se transfèrent que rarement aux championnats européens ?
La principale raison est d’ordre financier. Les joueurs de nos jours priorisent le facteur financier. Ainsi, ils préfèrent d’accepter les offres émanant des clubs du Golfe plutôt que ceux de l’Europe vu qu’elles sont plus onéreuses. Néanmoins, les joueurs, surtout les plus jeunes, doivent changer cette mentalité. En effet, la priorité doit être donnée à la carrière plutôt qu’à l’argent car la vraie carrière professionnelle d’un joueur débute aux championnats européens du plus haut niveau (l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie, la Belgique, la France …) qui lui permettront d’améliorer son niveau ainsi que ses capacités, d’acquérir des expériences très bénéfiques et d’être par la suite recruté par d’autres grands clubs européens qui surveillent et suivent les joueurs les plus performants.
Pourquoi, à votre avis, Vahid ne compte pas beaucoup sur les joueurs de la Botola dans la sélection nationale ?
De nos jours, la sélection des joueurs évoluant au niveau des championnats européens du plus haut niveau représente la tendance. Malheureusement, le niveau de notre championnat n’est pas assez fort. Toutefois, ceci n’empêche qu’il existe trois ou quatre joueurs évoluant en Botola qui méritent d’avoir une chance de porter le maillot de l’Equipe Nationale.
Pensez-vous que la sélection nationale pourrait se qualifier au second tour du Mondial 2022 ?
La qualification au deuxième tour de la Coupe du Monde 2022 représente un objectif atteignable et possible. Toutefois, elle est tributaire à la préparation physique, tactique, technique et psychologique ainsi qu’aux choix des joueurs à sélectionner.
Nous avons de très bons joueurs et des supporters qui se déplaceront aux stades. A mon avis, la Belgique est l’équipe la plus favorite pour être à la tête du groupe F. La deuxième place serait jouable, Si Dieu le veut, entre le Maroc et la Croatie si l’Equipe Nationale serait à la hauteur.
En tant que supporters et anciens joueurs de l’Equipe Nationale, nous espérons, Si Dieu le veut, la qualification au second tour.
En tant qu’analyste sportif sur beIN Sports, certains supporters du Raja Casablanca s’accordent à dire que vous n’avez pas défendu suffisamment la position du club face aux analystes égyptiens après l’élimination du club casablancais suite à deux scandales arbitraux face au Zamalek il y a deux saisons et à Al Ahly il y a quelques semaines, quel est votre commentaire ?
Ce n’est pas du tout vrai ! Au contraire, il est impossible que je ne défends pas le Raja Casablanca, le Wydad Casablanca, la Renaissance de Berkane ou tout autre club marocain face aux scandales arbitraux dont ils sont victimes. Celui qui dit le contraire doit ramener une preuve. Récemment, j’ai dénoncé le pénalty non sifflé du Raja Casablanca face à Al Ahly sur le plateau de beIN Sports. Ainsi, les propos avancés par ces personnes sont incorrectes. Il est à noter que je suis essentiellement un analyse sportif qui commente et examine objectivement les matchs. Ainsi, quelle que soit la prestation du club, je l’analyse d’une manière expresse et objective, qu’elle soit bonne ou mauvaise.
Récemment, vous avez eu un différend avec les membres du bureau exécutif du Raja Casablanca après avoir donné votre avis péjoratif sur la gestion du club après l’élimination du club face à Al Ahly. Suite à vos déclarations sur beIN Sports, certaines sources ont affirmé que les membres du bureau exécutif du club ont décidé de vous poursuivre en justice. Quel est votre commentaire ?
J’avais déjà clarifié mes propos via une déclaration. Les gens ont mal interprété mes dires. En effet, l’utilisation du terme «nains» représente une description métaphorique de la mauvaise manière avec laquelle le club est géré, et vous pouvez revenir à la vidéo pour vous rassurer.
De plus, il n’y a ni plainte ni rien du tout. Ce ne sont que des rumeurs. En effet, je n’ai ni insulté ni offensé qui que ce soit. Ainsi, ils n’ont aucun élément à exploiter contre moi.
Quels conseils pourriez-vous donner à cette nouvelle génération de joueurs de football ?
La carrière d’un joueur est courte. Je conseille les joueurs actuels de football d’être persévérants, assidus, de travailler dur et de respecter l’ensemble des acteurs de l’écosystème du club (les entraîneurs, les supporters, les cadres administratifs…). En fin de compte, tout joueur droit ayant accompli ses devoirs correctement reste gravé dans les mémoires des supporters même après la fin de sa carrière.
Y aura-t-il une chance de voir Youssef Chippo comme entraîneur prochainement ?
Non, le coaching ne m’intéresse pas. En effet, je ne peux pas supporter ses nombreux inconvénients notamment le stress. C’est pourquoi, je me suis dirigé vers le domaine de l’analyse sportive qui suscite amplement mes intérêts. Néanmoins, je pourrais occuper les postes de cadre gestionnaire ou de directeur sportif car je possède les compétences requises.
De Kénitra à Coventry en passant par Doha et Porto, Youssef Chippo a réalisé une brillante carrière professionnelle malgré les difficultés. Il nous a démontrés qu’avec le travail dur, l’assiduité, l’ambition et la persévérance, nous pouvons surmonter les obstacles de tout genre. Etant l’une des stars de l’Equipe Nationale, Youssef Chippo a participé à la Coupe du Monde 1998, aux qualifications de la Coupe du Monde 2002, à la CAN 1998 qui a connu l’élimination du Maroc des quarts de finale, aux CAN 2002 et 2006 où le Maroc s’est éliminé dès le premier tour comme il a prit part aux Jeux Olympiques d’été 1992 qui ont eu lieu à Barcelone.