Younes Zerdouk, un Lion de l’Atlas aux Comores

Récemment nommé nouveau sélectionneur des Comores, Younes Zerdouk (48 ans) est un entraîneur pas comme les autres. Freiné dans sa lancée à devenir footballeur professionnel, l’entraîneur marocain s’est confié à la rédaction de DM Sport.

Younes débute le foot dans un quartier d’Auxerre, lui permettant par la suite d’intégrer le foot étude de l’AJ Auxerre. Il quitte le club à 18 ans pour le FC Bourges avant de se blesser gravement à 20 ans ce qui a freiné ses rêves de devenir pro. Avec acharnement, Younes arrive finalement à côtoyer le haut niveau avec le SCO d’Angers en deuxième division française.

Diplômé à l’âge de 20 ans de l’UEFA A, il devient à l’époque l’un des plus jeunes à obtenir le diplôme. Il nous dit : “Entraîner a été mon destin, ma blessure m’a longtemps empêché de jouer au football mais on m’a proposé de prendre des équipes de jeunes et c’est là où tout a commencé.”

Younès Zerdouk fait ses classes dans la célèbre Académie Jean-Marc Guillou, il y restera de 2008 à 2015. Là-bas, il était directeur technique et manager de projets de l’académie en Belgique. Le Marocain se confie sur cette expérience : “Ça a été un véritable tournant dans ma carrière, c’était une expérience exceptionnelle et en plus de ça j’ai beaucoup appris puisque j’étais multifonction, je m’occupais de l’aspect administratif mais aussi de l’aspect sportif tel que le recrutement etc… Les joueurs là-bas c’était comme mes enfants et mon but c’était de les amener jusqu’à réaliser leur rêve c’est-à-dire devenir joueur professionnel.” L’entraîneur rejoint ensuite grâce au président Samy Maged qui lui permette de diriger l’académie à Wadi Degla : “J’ai pu aller en Egypte grâce au président car il a apprécié mes qualités mais malheureusement j’ai dû arrêter à cause des problèmes sanitaires et ma famille me manquait. J’ai pu coacher des joueurs qui aujourd’hui sont aujourd’hui professionnels.”

Younès Zerdouk donnant des instructions à ses joueurs à Lierse.

“Othman Boussaid, quand il est arrivé je lui ai pas parlé pendant 3 ou 4 mois tellement il était impressionnant.”

La liste des joueurs qu’il a eue sous son aile est longue, pour ne citer qu’eux on retrouve dans celle-ci Jason Denayer, Ramy Bensebaini, Faysel Kasmi etc… Nous sommes allé lui demander qui sont les joueurs qui l’ont marqué, il dit : “Il y en a énormément, tous avec un talent différent. Par exemple Othman Boussaid (actuel joueur de Utrecht), quand il est arrivé à l’Académie je lui ai pas parlé pendant 3 ou 4 mois tellement il était impressionnant. Il était plus fort que moi et mon coaching au départ du coup j’ai dû le comprendre et m’adapter à la vision qu’il avait du football, à partir de là on a pu se tirer vers le haut mutuellement. Il y a aussi Hamari Traoré (actuel joueur du Stade Rennais) que j’ai eu pendant un mois à Lierse avant qu’il parte au Stade de Reims, alors lui il était peut-être moins talentueux que les autres mais il ne lâchait rien et cette mentalité de guerrier l’as emmené là où il est aujourd’hui. D’autres joueurs marocains avec cette mentalité que j’ai eue sont par exemple Sofian Kiyine ou encore Ahmed El Messaoudi, certes ils avaient du talent mais leur travail leur a permis d’atteindre le monde professionnel. Un joueur qui m’a aussi impressionné c’est Faysel Kasmi, alors lui c’était incroyable, mais quand je vous dis incroyable c’est incroyable, je l’ai recruté du Futsal à la base, le gamin il jouait défenseur central mais il faisait tout derrière il ne perdait pas un ballon. Concernant Ramy Bensebaini, je l’ai eu à Lierse et c’était vraiment la classe tout comme Théo Bongonda, c’était une flèche et sa vivacité c’était quelque chose. Il y aussi des exemples de joueur comme Mouad Tauil qui était un peu notre Iniesta, c’est peut-être le joueur le plus intelligent que j’ai vu mais il près il y a quelques circonstances qui font que des joueurs comme lui qui sont exceptionnels ne vont pas au haut niveau.”

Othman Boussaid (Utrecht), Hamari Traoré (Stade Rennais) et Ramy Bensebaini (Borussia Mönchengladbach), de gauche à droite sont tous passé par Younès Zerdouk avant d’arriver au haut niveau.

“Pour Sabir, je peux vous dire que Youssouf Hadji à l’œil !”

Younès Zerdouk nous a aussi parlé de Sabir Bougrine, joueur actuel de l’Espérance de Tunis qui toque à la porte de l’équipe nationale et qui avait fait l’éloge de Youssouf Hadji dans une interview dirigé par DM Sport. Il déclaré concernant ce joueur : “Alors pour Sabir Bougrine je peux vous dire que Youssouf Hadji à l’œil parce que c’est un joueur très très spécial. Ce qui m’a épaté chez lui c’est ses passes, il mettait des passes que personne ne voyait, je l’ai même surnommait Magic en référence à Magic Johnson et ses passes. C’est un joueur très endurant, vif, super technique, ambidextre et surtout dans un groupe c’est une perle, n’importe quel coach rêve d’un joueur comme ça et je suis sûr qu’il peut apporter à l’équipe du Maroc.”

Sabir Bougrine, auteur d’une belle saison avec l’Esperance de Tunis, a lui aussi été sous l’aile de Younès Zerdouk.

Entraîneur adjoint d’Amir Abdou lors de la dernière CAN avec les Comores, il revient sur cette expérience : “J’ai eu un sentiment de fierté et de plaisir et malgré les circonstances on a essayé de répondre présent. Je n’ai pas de sentiment d’injustice mais de regret, je pense qu’on aurait pu aller plus loin notamment contre le Cameroun. C’est ma première expérience en CAN et j’ai trouvé ça magique, ça reste un souvenir qui est extraordinaire” Dans la continuité de cette dernière, le coach s’est fixé des objectifs qui sont les suivants : “Pour la sélection des Comores, le premier objectif qu’on s’est fixé quand j’ai été nommé sélectionneur c’est d’être dans la continuité de nos performances contre le Cameroun et le Ghana. On a aussi envie de lier notre identité de jeu à notre identité de vie parce que aux Comores tout le monde est derrière notre football et notre équipe nationale.”

Younès Zerdouk (deuxième en partant de la gauche) et les joueurs de la sélection comorienne en Egypte.

“Si les joueurs binationaux jouent dans les gros championnats c’est sur qu’ils vont apporter une plus-value aux Comores.”

our atteindre ces objectifs, Younès Zerdouk va devoir composer avec les binationaux, dont plusieurs ont déjà refusé de porter la tunique comorienne à la CAN comme Warmed Omari ou encore Zaydou Youssouf, le coach de 48 ans un message pour eux : “Pour moi les binationaux c’est une super richesse d’avoir des joueurs formés au pays et des joueurs formés à l’étranger. Quand on les réunit ensemble ça peut être très fort. Ensuite si les joueurs binationaux jouent dans les gros championnats c’est sur qu’ils vont apporter une plus-value aux Comores mais il faut qu’ils restent dans l’esprit de la sélection. Pour nous les Comores, la porte restera toujours ouverte pour ceux qui le veulent, déjà parce qu’on a pas le choix et surtout parce que c’est dans les coutumes du pays.”

Zaydou Youssouf et Warmed Omari ont tout les deux refusés de participer à la CAN 2022 avec les Comores.

“J’ai déjà été contacté à l’époque par la FRMF pour devenir formateur à l’Académie Mohamed VI.”

Enfin, il n’oublie pas ses racines, lui dont les deux parents sont marocains et originaires de Sidi Slimane, il nous raconte son lien avec le pays : “J’ai des attaches profondes avec Maroc. Je peux même vous dire que mon grand-père a fait la route aller-retour entre le Maroc et La Mecque à pied. Quand j’étais petit, j’allais en vacances c’était les plus belles vacances de toute ma vie. On jouait au foot on pariait 1 dirham et celui qui gagné il allait s’acheter un coca et un quart de pain avec du thon pimenté (rire), ce sont des souvenirs incroyables. Si vous voulez savoir, ce qui fait que je suis allé aux Comores c’est parce que j’ai ressenti là-bas ce que j’ai ressenti au Maroc.” Concernant son futur, Younès ne met pas le royaume de côté au contraire, il dit : “J’ai déjà été contacté à l’époque par la Fédération Royale Marocaine de Football quand j’étais manager de projet à l’Académie Jean-Marc Guillou, le but était de devenir formateur à l’Académie Mohamed VI mais il n’y a pas eu de suite. Il y a aussi des agents qui m’ont contacté pour des clubs de Botola mais cela ne s’est pas fait. Bien sûr que si on m’appelle je suis Marocain ça serait avec une grande fierté si je pouvais travailler et faire mon métier qui me passionne dans mon pays d’origine, si je peux redonner mon expérience à mon pays d’origine ça serait avec plaisir.”